Les chirurgiens-dentistes sont responsables de 12 % des prescriptions d’antibiotiques en médecine de ville, représentant ainsi 42 millions d’euros pris en charge par l’Assurance maladie en 2021. Cependant, un constat alarmant est fait : 66 % des prescriptions en odontologie ne sont pas justifiées car elles ne correspondent ni à une infection avérée ni à une situation nécessitant une antibioprophylaxie. De plus, 19 % des prescriptions concernent des molécules peu recommandées en odontologie et favorisant le développement de l’antibiorésistance telles que la pristinamycine, la doxycycline ou encore la spiramycine-métronidazole.
Le premier antibiotique prescrit par les chirurgiens-dentistes est généralement l’amoxicilline, suivi ensuite par les associations spiramycine-métronidazole et amoxicilline-acide clavulanique, bien que celles-ci ne soient recommandées qu’en seconde intention. Il est également relevé que la durée des traitements varie considérablement selon les praticiens alors que les recommandations préconisent généralement une durée de traitement de 7 jours (à l’exception de l’azithromycine).
Afin d’améliorer la pertinence des prescriptions d’antibiotiques en odontologie, l’Assurance maladie s’est engagée dans une campagne spécifique soutenue par les représentants professionnels tels que l’Ordre et l’ADF. Dans le cadre de cette démarche, chaque praticien recevra son profil individuel de prescription pour analyser sa pratique et apporter les corrections nécessaires pour se conformer aux pratiques recommandées par l’ANSM. Cette initiative sera reconduite en 2023 avec un accompagnement spécifique pour les praticiens dont le profil est atypique.
Cette campagne nationale s’appuie sur une expérimentation menée dans le Grand Est depuis 2020 qui a donné lieu à des résultats encourageants : sensibilisation accrue des chirurgiens-dentistes à l’enjeu de l’antibiorésistance et évolution positive des comportements suite à la réception des profils individuels. Cette approche a permis notamment d’accroître l’utilisation appropriée de l’amoxicilline tout en réduisant le recours aux antibiotiques peu recommandés en odontologie dans la région du Grand Est.
En définitive, cette démarche vise non seulement à optimiser les pratiques prescriptives mais aussi à réaliser des économies substantielles estimées à hauteur de 7 millions d’euros grâce à une amélioration significative des prescriptions antibiotiques chez les chirurgiens-dentistes français.