Les inhalations de fumée
Les vers dentaires sont un sujet qui a intrigué les gens depuis des siècles. Au Ier siècle, Scribonius Largus recommandait des fumigations pour soulager la douleur dentaire, en mentionnant même la possible présence de petits vers chassés lors du traitement. Cependant, il ne faut pas considérer Scribonius Largus comme l’inventeur de cette théorie vermineuse.
Les critiques des effets trompeurs de la fumigation
Les vers dentaires ont été un sujet de débat depuis des siècles. Francisco Martínez de Castrillo, dentiste renommé du roi Philippe II, a affirmé qu’il n’y avait pas de vers dans la carie dentaire, mais plutôt une corruption qui se produisait à l’instar d’autres parties du corps. Il a même proposé une expérience astucieuse pour prouver son point en utilisant des fumigations sur des personnes sans carie ou enfants sans dents, affirmant que des vers en sortiraient. Jacques Houllier, médecin de l’époque, mentionne également le mythe entourant l’utilisation de graines de jusquiame pour fumer les dents vermoulues et la croyance populaire selon laquelle cela ferait apparaître des petits vers.
Peter Lowe, chirurgien écossais du 17e siècle, a développé davantage cette idée en expliquant que la douleur causée par les caries n’était pas due à des vers, mais plutôt à la corrosion du nerf par des liquides acides présents dans la bouche. Enfin, Jacob Christian Schäffer, botaniste et entomologiste du 18e siècle, a mis fin définitivement à ce mythe en expliquant comment les illusions de production de vers par fumigation étaient créées grâce à un schéma ingénieux.
Ainsi, malgré les croyances anciennes et populaires sur les vers dentaires nourries par ces illustres personnages historiques comme Martínez et Houllier, il est aujourd’hui clair que ces « vers » étaient plus le fruit d’illusions et de croyances erronées que d’une réalité scientifique.
Ceux qui étaient convaincus de la présence des parasites dentaires et de leur remède pour les éliminer
Les vers dentaires ont longtemps été une préoccupation parmi les professionnels de la santé, comme en témoignent les écrits d’éminents chirurgiens et médecins du passé. Ambroise Paré, célèbre chirurgien du XVIe siècle, évoquait déjà la présence de vers dans les dents et recommandait l’application de substances caustiques pour s’en débarrasser. Urbain Hémard, quant à lui, restait plus réservé sur le sujet, soulignant son impossibilité de confirmer cette réalité.
Jean Liébault proposait des remèdes à base de plantes telles que la centaure et l’oignon pour traiter les vers dentaires, tandis que Gilles Arnaud préconisait l’utilisation de l’Absinthe major seiche pour venir à bout des vers avec efficacité. Lazare Rivière a même avancé l’idée qu’une mauvaise alimentation pouvait favoriser le développement des vers dans les cavités dentaires cariées.
Ces différentes perspectives historiques illustrent la fascination ancienne pour les possibles vers dentaires et les diverses méthodes envisagées pour y remédier. Bien que ces croyances aient perduré pendant des siècles, la science moderne affirme aujourd’hui que la formation de vers dans les dents est un phénomène extrêmement rare voire inexistant.
L’évolution du microscope
Les vers dentaires, également connus sous le nom d’animalcules vivants ou bactéries, ont été observés pour la première fois par Anton von Leeuwenhoek dans sa plaque dentaire au 17ème siècle. Ces micro-organismes étaient si nombreux qu’il les a comparés en nombre aux habitants du royaume de Hollande. Plus tard, Willoughby D. Miller a identifié ces animalcules comme étant des bactéries responsables de la carie dentaire, produisant des acides lors de la fermentation des sucres.
Certains ont été induits en erreur par la petite taille de ces bactéries et les ont confondues avec des vers dentaires. Cette confusion a conduit à l’idée erronée selon laquelle les vers pourraient émerger d’œufs d’insectes présents dans la bouche à travers une contamination alimentaire. Certains individus sont même allés jusqu’à témoigner, décrire ou dessiner ces prétendus vers observés à l’œil nu. Malgré un certain scepticisme initial, il semblait évident pour certains que ces organismes étaient bel et bien des vers.
Ainsi, bien que le mythe des vers dentaires persiste encore aujourd’hui dans certaines croyances populaires, il est important de rappeler que ce phénomène était en réalité une confusion entre les bactéries buccales et de véritables vers. Les travaux pionniers de Leeuwenhoek et Miller ont contribué à une meilleure compréhension des causes de la carie dentaire et soulignent l’importance d’une hygiène bucco-dentaire rigoureuse pour prévenir les problèmes dentaires liés aux bactéries présentes dans notre bouche.
Observations et caractéristiques des vers
Les vers dentaires : mythe ou réalité ?
Au XVIIIe siècle, les vers dentaires étaient une préoccupation majeure pour certains médecins et universitaires. Nicolas Andry de Boisregard a décrit en détail ces petits parasites qui se formaient sous une croûte accumulée sur les dents par manque d’hygiène. Il recommandait donc de maintenir les dents propres en se brossant matin et soir, et en éliminant toute accumulation avec un fer ou de l’eau contenant un peu d’esprit de sel. Selon Carlo Musitano, les vers auraient pu être introduits dans la cavité cariée par des œufs d’insectes présents dans la nourriture souillée.
Pierre Fauchard était plus prudent quant à l’existence des vers dentaires, estimant qu’ils pouvaient résulter de l’introduction accidentelle d’œufs apportés par des insectes présents dans les aliments consommés. Robert James soutenait également cette théorie selon laquelle les vers trouvés dans les caries dentaires provenaient de l’extérieur.
Ainsi, bien que la croyance aux vers dentaires ait persisté pendant longtemps, il semble que leur origine externe soit plus probable que leur génération spontanée au sein des dents. L’importance de maintenir une bonne hygiène bucco-dentaire reste primordiale pour éviter tout risque lié à ces possibles parasites imaginaires.
Les vers dans la bouche : vérité ou fiction? – Le Monde Dentaire
Les vers dentaires, longtemps considérés comme des entités maléfiques responsables de divers maux tels que les caries et les douleurs dentaires intenses, ont suscité des croyances variées au fil du temps. Certaines civilisations les percevaient même comme des instruments de punition divine, illustrant ainsi la peur ancestrale associée à ces parasites buccaux (fig. 7). Malgré l’apparition progressive de connaissances scientifiques, notamment avec l’avènement du microscope permettant d’observer l’invisible, la confusion persistait parfois entre les vers imaginaires et les véritables organismes présents dans la cavité buccale.
Au XVIIIe siècle encore, certains praticiens évoquaient la possibilité d’introduction d’œufs d’insectes éclosant dans des cavités carieuses, alimentant ainsi le mythe des vers dentaires observés à l’œil nu. Cette vision témoigne non seulement du manque flagrant d’hygiène qui régnait jusqu’à une période relativement récente mais également des superstitions et incompréhensions entourant la santé dentaire.
Aujourd’hui, bien que la présence de vers dans la cavité buccale soit largement discréditée et considérée comme exceptionnelle voire fantaisiste pour un patient brésilien du XXIe siècle – ou toute autre personne moderne -, il est intéressant de constater l’évolution des mentalités et des connaissances en matière de santé dentaire au fil des siècles.
Pour en apprendre davantage sur ce sujet fascinant mêlant histoire, traditions populaires et avancées scientifiques plus contemporaines :
https://www.biusante.parisdescartes.fr/sfhad/wp-content/uploads/ACTES/MADRID_2016/2016_05.pdf
Sous l’égide de :
– Musée Virtuel de l’Art Dentaire (MVAD)
– Société Française d’Histoire de l’Art Dentaire (SFHAD)
– Association de Sauvegarde du Patrimoine de l’Art Dentaire.